La saison des festivals d’économie appliquée s’est ouverte de belle manière sous le haut patronage du prince régnant de la Principauté de Monte-Carlo avec l’événement « Les Mots Pour Ne Pas Le Dire ».
Les festivités cette année débutèrent par une exécution impeccable par le Quatuor des économistes à cordes d’une opérette peu connue, « Sabir », écrite en langue néo-classique et interprétée à la voix par le soprano Allemand Wolfgang Schaüble. A la manière de la Disparition de Georges Perec, le livret parvient à expliquer la notion d’ajustement structurel et de création destructrice sans jamais parler de chômage de masse, ni de désespoir social.
Mais les festivaliers étaient surtout venus pour assister à la représentation de la pièce écrite par un collectif de journalistes économiques de gauche sur la crise grecque : « Les Allemands Sont Trop Méchants ». Par son langage outré, et un jeu d’acteurs exagéré, la pièce attribue fermement la responsabilité de tous les maux économiques Européens à l’Allemagne, ici représentée par un vieux nazi en chaise roulante.
Malgré l’important service d’ordre, la fête fut quelque peu gâchée lorsqu’à la nième mention d’un « coup d’état Allemand en Grèce », un des extras se permit de remarquer à voix haute que la vérité était peut-être entre les deux, entre le langage technocratique et l’enflure journalistique. Le fâcheux fut reconduit avec rudesse, et les conversations reprirent de plus belle dans une chaude ambiance libéralo-charitable.